De plus en plus d’experts-comptables indépendants font le choix de rejoindre une structure plus grande. Trouver sa place dans le nouvel ensemble né du rapprochement, ne plus décider de tout, et endosser son rôle d’associé, peut s’avérer plus ou moins facile. Conseils aux experts-comptables en situation de céder leur cabinet.
Le choix du rapprochement avec un plus grand acteur a été acté. Le repreneur a été sélectionné. Le contrat de vente est signé. Pour l’expert-comptable qui a vendu son cabinet et échangé ses parts, commence alors une nouvelle aventure professionnelle. Sa première étape : endosser le statut et les responsabilités d’associé de la nouvelle entité – sans perdre de vue que l’on en est plus le dirigeant.
Le rapprochement, un projet à partager
S’associer, c’est d’abord partager un projet, et ensuite des moyens. C’est aussi entrer dans une nouvelle forme de collaboration. Henry Ford en donnait cette perspective : « Se rassembler est un commencement, demeurer unis est un progrès, travailler ensemble est un succès ». Il y a de plus mauvais maîtres !
Partager le projet du cabinet avec ses nouveaux associés
En abandonnant sa complète indépendance pour intégrer un plus grand cabinet, l’expert-comptable intègre aussi un projet plus vaste que le sien, dans lequel il doit trouver toute sa place.
Il est clair que cette phase aura été abordée en amont de la vente – c’est le rôle d’un spécialiste de la cession des cabinets d’expert-comptable comme Viou & Gouron de faire préciser le projet et de s’assurer que tous y adhèrent. Mais elle ne s’arrête pas le lendemain de la signature.
Rencontrer individuellement ses nouveaux associés permet de recueillir la vision de chacun d’entre eux sur les objectifs recherchés et les moyens d’y parvenir ; c’est aussi l’occasion d’apprendre à les connaître, y compris sur le plan des centres d’intérêts personnels.
Partager le projet du cabinet avec ses propres troupes
Contrairement à d’autres secteurs (la distribution par exemple), un rachat de cabinet d’expertise-comptable entraîne rarement sa restructuration profonde. L’optimisation se situe plutôt au niveau des outils métier et des services support. Pour autant, les dimensions personnelles et psychologiques tiennent une place importante lors de la cession d’un cabinet. Question numéro 1 : « Qu’est-ce que ça va changer pour moi ? » Et son corollaire : « Qui sera mon patron ? ».
Le point sémantique associé, c’est la différence entre « mon » patron et « le » patron. Le cédant demeurera, au moins pour un temps, le patron, le manager de cette équipe qu’il a amenée avec lui. Il ne sera plus le décideur en dernier ressort, passant du statut de dirigeant à celui d’un associé parmi d’autres. Mais il devient porteur de la vision de la nouvelle entité, tant en détaillant l’apport du groupe aux objectifs qu’en précisant la part de son équipe à l’effort commun.
Partager le projet du cabinet avec ses clients
Le client d’abord ! Pour prévenir ses craintes éventuelles – comme « devenir un numéro », invisible dans la masse de dossiers, le premier objectif sera de rassurer. L’idéal : ils conserveront leurs interlocuteurs actuels, le cabinet sera plus réactif, car dégagé des services supports, ils bénéficieront de nouveaux services ou du conseil de spécialistes, etc. L’expert-comptable cédant doit prendre le temps d’expliquer la décision et ses implications.
Cet échange constitue aussi l’occasion de parler « entre dirigeants », et d’aborder des questions qui peuvent intéresser son client pour sa propre entreprise – devrait-il envisager un rapprochement ou une croissance externe ?
5 conséquences pratiques à accepter quand on a vendu son cabinet d’expertise-comptable
Même si la plupart du temps une très large autonomie est laissée dans la gestion de son équipe et de son portefeuille, il n’en est pas moins vrai que des changements sont à attendre au quotidien. Libéraux dans l’âme, les experts-comptables qui ont fait le choix du rapprochement sont-ils prêts à les accepter ? En voici une liste, non exhaustive :
- Aligner ses pratiques managériales sur celles du groupe qui est rejoint : accords sur le temps de travail, congés, RTT, télétravail… Elles sont la plupart du temps plus favorables aux salariés, et peuvent peser sur les charges. Ou remettre en question un équilibre social jusqu’alors performant – qu’il faudra rebâtir.
- Remettre en cause à court ou moyen terme son mode d’organisation et ses méthodes de travail. C’est le cas lorsque l’on intègre un cabinet fortement automatisé, par exemple. Il faudra alors maîtriser les nouveaux outils, convaincre les collaborateurs de leur intérêt, et bien sûr les former, en s’appuyant sur le groupe.
- Perdre en partie la maîtrise de son agenda: même si le groupe ne multiplie pas les réunions d’associés, il est clair que celles-ci priment sur tous les autres engagements. Une discipline à laquelle un indépendant n’a pas été habitué.
- Participer à des débats sur des questions que l’on pensait avoir résolues. On y partagera son expérience, mais les conclusions de la réunion peuvent s’avérer très éloignées des siennes. Il est indispensable de questionner ses certitudes…
- Devoir endosser des décisions collégiales qui n’auraient pas été les siennes et les partager avec son équipe. En cela, le cédant est bien devenu un manager !
L’avis du spécialiste de la cession de cabinets d’expertise-comptable
Viou & Gouron réalise chaque année des dizaines de cessions de cabinets d’expertise-comptable. Dans le cadre d’un rapprochement, voici quelques conseils de son Directeur Général :
- Soigner son propre on-boarding : « on n’a pas deux fois l’occasion de faire une bonne première impression » ;
- Être optimiste, s’engager franchement dans le nouveau projet – jouer le jeu du groupe ;
- Communiquer largement : associés, clients, collaborateurs, influenceurs ;
- Apprendre à connaître les autres associés, rechercher des passerelles et des synergies ;
- Rester concentré sur son exploitation.
Réussir un rapprochement est plus complexe que de réaliser la vente d’un cabinet d’expertise-comptable suite à un départ en retraite. Il faut cadrer les besoins du cédant comme de l’acquéreur, mais il faut aussi reconnaître les cabinets qui sauront intégrer. Et disposer de points de comparaison avec des opérations déjà réalisées, pour en obtenir le juste prix.
Le rôle d’un intermédiaire comme Viou & Gouron est ainsi clé, de la phase de projet à l’accompagnement après signature. Et même bien après : c’est ainsi qu’à plusieurs reprises, un expert-comptable racheté est devenu acheteur à son tour, au titre de la croissance externe de son nouveau groupe !