
Image par Louis de Pixabay
Combien vaut un cabinet d’expertise-comptable aujourd’hui ? Quelles sont les méthodes de valorisation, et les facteurs qui font la différence ? Les cabinets d’expertise-comptable sont-ils sous-évalués ?
Combien vaut mon cabinet ? La question est aussi récurrente pour les experts-comptables que pour tout chef d’entreprise. Pas pour mesurer le passé, mais pour anticiper le futur : si l’on prépare sa retraite, pour savoir sur combien on peut compter ; et si l’on envisage un rapprochement, pour évaluer sa monnaie d’échange, et son poids dans le nouvel ensemble.
Les méthodes d’évaluation des cabinets d’expertise-comptable
Le plus souvent, la valorisation des cabinets de plus d’un million d’euros de chiffre d’affaires sera basée sur ses trois derniers exercices, tandis que, pour les plus petits, on s’arrêtera généralement au portefeuille à date.
Le prix de vente du cabinet sur la base de son chiffre d’affaires
Ce mode d’évaluation a longtemps primé sur tous les autres. Il se base avant tout sur le total des lettres de mission, autrement dit sur le chiffre d’affaires récurrent, auquel s’applique un coefficient à négocier. Les missions ponctuelles ou exceptionnelles ne sont pas prises en compte, pour des raisons logiques de non récurrence.
Les coefficients de valorisation des cabinets d’expertise-comptables :
Quels sont les coefficients sur chiffre d’affaires généralement constatés lors de la valorisation d’un cabinet comptable ? L’étude annuelle d’Interfimo constitue un bon indicateur :
Prix de cession en % du CA
2009 | 86,9 % |
2011 | 87 % |
2013 | 93 % |
2015 | 88 % |
2018 | 90 % |
2020 | 88 % |
Source : Interfimo, 2021
Les cabinets d’expertise-comptable sont-ils sous-évalués ?
« Ces chiffres nous apparaissent un peu sous-évalués, ce qui est logique puisqu’ils incluent le refinancement de transactions internes et l’installation des nouveaux diplômés. L’écart s’est resserré ces derniers temps entre cette étude et nos observations – les jeunes diplômés étant nettement plus rares qu’auparavant à manifester la volonté de racheter une clientèle, constate Viou & Gouron. Mais les écarts se resserrent : les 88% annoncés par Interfimo ne sont pas si loin de ce que nous constatons, à savoir entre 90% et 100% du CA HT ».
Le prix de vente du cabinet sur la base de son cash-flow
Ce mode d’évaluation s’appuie sur la rentabilité (l’EBE) du cabinet, retraitée du coût de son dirigeant, de certaines charges précédant la vente, et d’autres à venir après la vente. S’y applique un multiple, et l’actif net vient s’ajouter au calcul.
Le multiple est aujourd’hui estimé à 3,8 par Interfimo, et à environ 5 par Viou & Gouron, toujours pour les raisons citées plus haut. Interrogé dans un récent webinar organisé par Cegid, son Directeur général déclarait :
« Les rentabilités se tassent dans un contexte de guerre des prix et d’interrogations sur la valeur réelle du service de l’expert-comptable. Conséquence : on ne constate ni surenchère, ni bulle au niveau des transactions ».
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Vendre son cabinet d’expertise-comptable en 2023
Bien sûr, il peut y avoir des exceptions. Mais aujourd’hui, vendre un cabinet au-delà de 100% de son CA, c’est quasi mission impossible, déclare le spécialiste de la cession et du rapprochement d’experts-comptables. Un chiffre qui semble bien modeste comparé à d’autres métiers.
En comparaison, dans un métier comme celui des administrateurs de bien, l’évaluation se mesure plutôt entre 250 et 300% du chiffre d’affaires hors taxes de l’activité gestion locative. Pour une technicité certes réelle, mais nettement moins sophistiquée que dans un cabinet comptable. Et l’écart de rentabilité moyenne n’est pas aussi important. Alors pourquoi un tel décalage ?
Peut-être parce que le marché de l’immobilier est déjà très concentré autour de 3 grands acteurs, ce qui génère davantage de concurrence entre repreneurs. Le marché de l’expertise-comptable est encore loin de cette situation : les 9 grands réseaux ou groupes leaders et leurs filiales (BDO, Exco, EY, Fiducial, Grant Thornton, In Extenso, KPMG, Mazars, PwC) totalisent 35 % des parts de marché de l’expertise comptable en France (et 20 % des effectifs du secteur). Le marché parle !
Et au-delà du prix de vente, qu’est-ce qui fait la différence pour les acheteurs des cabinets comptables ?
Reprendre un cabinet, c’est acheter la promesse d’un revenu durable, une clientèle fidélisée, et les ressources humaines pour s’en occuper. Selon les époques, les acheteurs accordent plus ou moins d’importance à ces dimensions.
- Les ressources humaines. Aujourd’hui, le nombre de collaborateurs ou la règle des 100 K€ de chiffre d’affaires par headcount n’entraîne pas de discussion : tout le monde sait que la main d’œuvre comptable qualifiée est aussi rare que précieuse, et qu’il vaut mieux en avoir trop que pas assez !
- Le management. L’acquéreur se posera toujours la question : sur qui va-t-il s’appuyer pour faire de cette reprise un succès ? L’existence d’un bras droit, d’un ou plusieurs managers, capables de faire tourner opérationnellement le cabinet constitue donc un élément important.
- Les spécialités. Fonctionnelles : la logique de multi-spécialisation des grands et moyens cabinets les invite à rechercher des compétences spécifiques pour consolider leur offre. Mais aussi sectorielles : un cabinet bien implanté dans le retail, en pharmacies ou en CSE peut constituer un levier de développement pour l’acheteur.
- La technologie. Ou plutôt, le niveau de maturité du cabinet et de ses équipes face à l’automatisation de la tenue comptable. Cette étape est considérée comme cruciale pour l’avenir de la profession, et entre 2 cabinets similaires, on préfèrera celui qui est déjà en voie de transformation.
- L’organisation. Quand un petit cabinet vend un portefeuille, un plus grand vend davantage une organisation auto-apprenante, capable de développer les savoir-faire des collaborateurs à travers une formation adéquate et un référentiel de pratiques, de méthodologies et de normes de sécurité.
- La relation humaine. Quand il intègre un groupe, le succès à venir du cédant est clairement lié à sa bonne relation avec ses associés.
En la matière, il ne faudra pas confondre un spécialiste du rapprochement entre cabinets d’expertise-comptable comme Viou & Gouron avec… une marieuse ! Mais comptez sur lui pour apporter des éléments tangibles, tant sur la valorisation de votre cabinet que sur l’intérêt relatif des différents acquéreurs, afin de choisir en connaissance de cause.
FAQ
L'importance de l'estimation de votre cabinet d'expertise comptable
Estimer la valeur de votre cabinet d’expertise comptable est essentiel pour anticiper l’avenir. que vous prépariez votre retraite ou que vous envisagiez un rapprochement avec un autre cabinet, cette estimation vous permettra de connaître votre « monnaie d’échange » et votre poids dans les négociations.
Les principales méthodes d'évaluation
Les méthodes d’évaluation les plus courantes pour les cabinets d’expertise comptable sont basées sur le chiffre d’affaires et sur le cash-flow (ebe). pour les cabinets générant plus d’un million d’euros de chiffre d’affaires, la valorisation est souvent basée sur les trois derniers exercices. en revanche, pour les plus petits, elle se limite généralement au portefeuille à date.
Valorisation basée sur le chiffre d'affaires
Cette méthode se base sur le total des lettres de mission, c’est-à-dire le chiffre d’affaires récurrent, auquel un coefficient est appliqué. les missions ponctuelles ne sont pas prises en compte. les coefficients généralement constatés par Interfimo étaient de 88% en 2020 et 90% en 2018, avec un pic à 93% en 2013. Viou & Gouron observe des valeurs entre 90% et 100% du ca HT. il est cependant « quasi mission impossible » de vendre un cabinet au-delà de 100% de son ca aujourd’hui.
Valorisation basée sur le cash-flow
Cette méthode s’appuie sur la rentabilité (l’EBE) du cabinet, retraitée du coût de son dirigeant et de certaines charges. un multiple est appliqué à cet EBE, et l’actif net vient s’ajouter au calcul. le multiple est aujourd’hui estimé à 3,8 par Interfimo, et à environ 5 par Viou & Gouron.
Les facteurs qui font la différence pour les acheteurs
Au-delà du prix de vente, plusieurs facteurs clés sont importants pour les acheteurs de cabinets comptables :
- Les ressources humaines : le nombre de collaborateurs est crucial car la main-d’œuvre qualifiée est rare et précieuse. il est préférable d’en avoir « trop que pas assez ».
- Le management : la présence d’un « bras droit » ou de managers capables de faire tourner le cabinet est un élément important.
- Les spécialités : qu’elles soient fonctionnelles (multi-spécialisation) ou sectorielles (ex: retail, pharmacies, cse), elles peuvent être un levier de développement.
- La technologie : le niveau de maturité du cabinet face à l’automatisation de la tenue comptable est considéré comme crucial pour l’avenir de la profession.
- L’organisation : un plus grand cabinet vendra une organisation auto-apprenante capable de développer les savoir-faire des collaborateurs.
- La relation humaine : pour l’intégration dans un groupe, le succès du cédant est lié à sa bonne relation avec ses associés.
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