Penser à céder son affaire fait partie des réflexions naturelles de tout entrepreneur, et la question se posera un jour ou l’autre à tous les experts-comptables indépendants. Elle soulève des interrogations quant à son timing : est-ce le moment de mettre en vente le cabinet ? Y a t-il un moment à privilégier ? Réponses.
Les 4 dimensions du temps du cabinet vendeur
Parler de moment, c’est évidemment parler de temps, de durée, de relativité – un sujet largement débattu par tous les philosophes, de Platon à nos jours. Laurent Charrier, associé de Viou & Gouron, le spécialiste français de la cession des cabinets d’expertise-comptable, préfère l’aborder d’une façon plus concrète. A son avis, les quatre dimensions du temps vis-à-vis d’une décision de vente sont avant tout les suivantes :
L’horloge interne du vendeur :
Son étendue correspond plus ou moins au temps d‘une vie professionnelle. L’âge du dirigeant et les éventuelles différences d’âge entre les associés constituent des données structurelles indépassables. Cette horloge présente un avantage : la prévisibilité. Mais elle peut se dérégler, pour cause d’impératifs (santé, famille…), de nouveaux projets professionnels, ou de tensions internes. Dans quel cas le bon moment sera forcément… tout de suite.
L’horloge stratégique de l’expert-comptable :
Toute entreprise connaît des cycles. Croissance, plateau, diversification, croissance, coups durs, se succèdent au fil des ans – c’est la loi des affaires. Les experts-comptables ont en général une vision assez précise de leurs revenus de l’année à venir ; mais ils prennent aussi conscience des nouveaux moyens que réclament les transformations en cours dans leur profession. Seront-ils de force pour aborder une concurrence diversifiée et durcie ? Comment va se passer la mise en place de la facture électronique (et quand…) ? Comment produire des services à plus forte valeur ajoutée que les écritures et le déclaratif ? Comment automatiser sans se ruiner ? Les petits cabinets ont-ils encore un avenir ?
Autant d’interrogations qui encouragent à envisager un rapprochement stratégique, si l’on souhaite rester, ou un départ, y compris anticipé. Selon la taille du cabinet et la personnalité de ses dirigeants, il choisira de vendre tout ou partie de ses parts afin d’intégrer un cabinet plus grand, mieux équipé du point de vue informatique, RH, marketing, etc. Il en résulte un changement dans le profil des cabinets vendeurs, confirme Laurent Charrier :
« Il y a longtemps que les cessions de cabinets d’expertise-comptable ne se limitent pas aux départs en retraite de leurs dirigeants. Beaucoup des vendeurs que nous rencontrons aujourd’hui sont plus jeunes qu’auparavant. Ils sont souvent animés par une volonté de consolidation, de rassemblement de forces et de moyens qu’ils peinent à déployer seuls ».
L’horloge conjoncturelle :
Cette dimension concerne des éléments d’environnement indépendants de la volonté du vendeur que l’on pourra prendre en compte, notamment :
- La conjoncture politique, les tensions sociales, les blocages ;
- Les circonstances économiques : croissance ou récession, taux d’intérêt, propension des banques à prêter ;
- Une instabilité réglementaire qu’on voit mal se stabiliser à court terme ;
- L’immense difficulté qu’ont les cabinets à recruter, faute d’attractivité.
Mais peut-être plus encore, c’est la loi de l’offre et de la demande qui fait entendre sa voix. « Aujourd’hui il y a en France de nombreux cabinets vendeurs, mais il y a plus encore de candidats à leur rachat », rappelle le spécialiste, qui note aussi l’intérêt croissant, à la suite des grands fonds d’investissement, des fonds de Private equity pour la profession comptable. La hausse des taux d’intérêts consentis aux acheteurs n’a pas vraiment eu d’influence sur leurs capacités de financement. Autant d’éléments favorables aux experts-comptables qui désirent vendre leurs parts.
La valorisation des cabinets d’expertise-comptable n’a pas explosé pour autant, mais les vendeurs sont en tous cas assurés de trouver preneur, et peuvent sélectionner celui qui apparaîtra comme le meilleur candidat. « La situation est aujourd’hui à l’avantage des vendeurs mais, par définition, elle ne sera pas éternelle», conclut le spécialiste.
L’horloge de l’activité :
Plus que beaucoup d’autres, la profession comptable est assujettie à une forte saisonnalité de son activité, l’immense majorité des entreprises déposant leurs comptes en même temps. C’est donc naturellement par rapport à la période fiscale que s’organise un calendrier idéal, comme nous allons le voir en détail.
Le moment de l’année idéal pour vendre un cabinet d’expertise-comptable
La grande majorité des prises d’effet ont lieu au second semestre, et plus particulièrement à l’automne. Il y a de bonnes raisons à ce choix. Il permet de se consacrer à l’intégration du cabinet racheté et de profiter de l’accompagnement du cédant (généralement 3 mois) avant le début de la nouvelle période fiscale. Sachant qu’il faut compter de 6 à 9 mois pour conclure une vente, on en déduira qu’il faut idéalement lancer la vente du cabinet en fin d’année ou en janvier.
Ce n’est toutefois pas l’avis de tout le monde. Certains pensent que le meilleur moment pour la transmission serait la présentation des bilans, qui permet d’introduire le repreneur aux clients à l’occasion de réunions programmées. Avec ce calendrier, la prise d’effet de la vente se situe en pleine période fiscale, ce qui présente des avantages (le nouvel arrivant entre tout de suite dans le concret)…, et des inconvénients (le manque de temps). Dans ce cas, la mise en vente du cabinet interviendra entre juin et octobre.
« Il n’y a pas de schéma préétabli, et nous avons réalisé de belles ventes et des rapprochements réussis à toute époque de l’année, avoue Laurent Charrier. Le calendrier idéal est connu, mais la mise en œuvre reste souple, par exemple en ce qui concerne la durée de l’accompagnement du sortant. Une opération peut très bien avoir été bouclée en mars et prendre effet en septembre. Il n’y a pas de bon ou de mauvais moment ; ce qui compte c’est le moment où l’on prend la décision de vendre son cabinet. Il ne faut pas laisser le temps s’imposer à soi ».
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